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25 novembre 1943 - 2024

Karim BENMILOUD

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Texte et photos : Thomas Kvist Christiansen

Publié le 17 décembre 2024

“Cette rafle, la plus importante dans une université durant la Seconde Guerre Mondiale, est tragiquement représentative de la violence de la répression et de la barbarie contre les activités résistantes. Cas cent trente étudiants et professeurs ont été arrêtés et déportés parce qu’ils étaient juifs, parce qu’ils étaient résistants, parce qu’ils ne correspondaient pas au projet politique d’une Europe sous le joug nazi. A l’heure où le passé est parfois instrumentalisé, il est plus que jamais fondamental de rappeler ces faits de se souvenir de l’histoire de l’Université de Strasbourg pendant “les années noires”, pour reprendre les mots d’Henry Rousso**.”

C’est ce qu’a déclaré Karim BENMILOUD, recteur de l’académie de Clermont-Ferrand, lors de son intervention à l’occasion de la cérémonie commémorative à l’Université Clermont Auvergne le 25 novembre 2024. Il a rappelé que cela fait 81 ans que l’Université de Strasbourg, qui de 1939 à 1946, il se trouve à l’Université de Clermont-Ferrand et est exposé au grand raid. Karim BENMILOUD a souligné qu’il est important de se souvenir de cette journée et notamment de ceux qui ont été arrêtés, déportés et ont perdu la vie.

(**Henry Roussos est un historien français spécialisé dans la Seconde Guerre mondiale et qui a écrit le livre “Les années noires : Vivre sous l’Occupation”, sur Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale.)

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Dans son discours, Karim BENMILOUD a cité, entre autres, Arlette Lévy Andersen parmi les personnes revenues en rescapée :

“Nous avons toutes et tous pleinement conscience de la nécessité de transmettre l’héritage historique qui nous est laissé par cet événement et c’est sur cette transmission que j’aimerais insister – cette transmission qui est au cœur du métier de professeur. “Le seul devoir, c’est le devoir d’enseigner et de transmettre” a pu dire Simone Veil. Enseigner l’historie est un des meilleurs moyens de rendre hommage aux victimes : dire les faits est une nécessité et un devoir. « Le devoir d’histoire est la condition du travail de mémoire » comme l’a écrit Henri Pena-Ruiz.

Gardons en mémoire les étudiants et les personnels d’abord rassemblés dans la cour puis interrogés. Gardons en mémoire que la moitié d’entre eux ont été transférés au 92e Régiment d’Infanterie qui servait alors de prison aux autorités allemandes. Gardons en mémoire les assassinats dont celui de Paul Collomp, doyen de la faculté des lettres de Strasbourg et membre actif de la Résistance. Gardons en mémoire les cent trente étudiants et membres du personnel qui ont été déportés. Gardons en mémoire les trente qui sont revenus, parmi lesquels Arlette Lévy-Andersen, étudiant juive de 19 ans inscrite en licence d’anglais à l’université de Clermont-Ferrand, arrêtée le 25 novembre 1943, déportée à Auschwitz un an plus tard. Gardons en mémoire qu’à partir de 1990 elle a témoigné et contribué à faire connaître son histoire et l’histoire tragique de la rafle. Un des bâtiments de l’Université Clermont Auvergne de l’avenue Carnot porte son nom. Nous n’oublions pas, nous n’oublierons pas.

Le devoir d’histoire et le travail de mémoire sont indispensables pour rendre hommage à celles et ceux qui ont combattu, résisté, à celles et ceux qui sont morts, au nom de valeurs et principes qui sont cœur battant de notre république démocratique. Je suis convaincu que les commémorations annuelles et les recherches scientifiques sont des vecteurs majeurs pour faire connaître l’histoire de cette rafle et pour lutter encore et toujours contre les obscurantismes et les violences.”

Karim BENMILOUD a terminé son discours en citant la résistante française, poète journaliste et correspondante de guerre, Madeleine Riffaud :

“Résister c’est aimer les gens, ne pas haïr. Il faut aussi rester soi-même. Il ne faut pas paniquer parce que l’ennemi qui est en face, c’est ce qu’il veut”.    

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